Un job de rêve

J’ai un job de rêve.

Je me lève tous les jours a 14 heures. Ensuite, je vais au PMU du coin rejoindre les copains.

Je passe ensuite mon après-midi a regarder des émissions de télé-réalité a la télé, vautré sur mon canapé en buvant des bières,

Le soir, c’est sport. Devant la télé et en buvant des bières, bien évidemment.

Mais ne croyez pas que je ne fais rien, de temps en temps, il m’arrive de bricoler. Au noir, bien évidemment. Ensuite, je pars prendre des vacances bien méritées aux Bahamas.

J’ai un très bon salaire, je ne paie pas de loyer, d’eau, d’électricité, de gaz, de chauffage, tout ça c’est du all inclusive.

La télé tombe en panne (ou un nouveau modèle viens de sortir avec un écran encore plus grand) ? Pas de problèmes, j’appelle l’assistante sociale qui règle ça dans les deux heures.

Frais de transports, factures ? Connaît pas !

La vie est belle, je ne connais ni les tracas ni le stress, je suis chômeur.

Bon, la réalité n’est peut-être pas aussi idyllique.

Déjà, au chômage, tu touche un peu moins de 60 % de ton précédent salaire. Mois les éventuelles primes que tu as pu toucher lors de ta perte d’emploi, le délai d’ouverture de ton dossier, qui bien souvent se perd ce qui fais repartir le compteur de zéro, les délais de carence...autant dire qu’au chômage, tu commence obligatoirement en étant dans la mouise.

Et c’est absolument tout ce que je touche, je n’ai aucune autre aide de quelque manière que ce soit. Comme je suis propriétaire, je paie mon crédit tous les mois, je paie toutes mes factures sans le moindre tarif social, je paie tout au prix fort comme n’importe quel salarié.

Dans mon cas particulier, étant propriétaire, et ne remboursant qu’un petit crédit immobilier, je ne trouve pas que dans ma situation soit particulièrement a plaindre. Je suis célibataire donc je n’ai pas d’autre rentrée d’argent, c’est certes pas de vacances, et le strict minimum en matière de loisirs, mais mes factures sont payées, je n’ai pas de dettes et je mange a ma faim.

Mais je n’ai pas de loyer a payer. La plupart des chômeurs n’ont pas cette chance et se retrouvent dans des situations impossibles.

Mais il y a aussi les frais « spécifiques » aux chômeurs,

Beaucoup d’entreprises ont choisi de centraliser leurs ressources RH au niveau de leur siège, le plus souvent en région Parisienne. Ce qui veut dire que bien souvent il faut faire 8000 Kms aller-retour en train pour passer un entretien, et parfois même plusieurs fois, pour un même poste. A vos frais, sans remboursement, sans note de frais, sans tarif préférentiel. Et c’est très souvent ces mêmes entreprises, qui vous ont fait aller a Paris le lundi pour un entretien, puis de nouveau le jeudi pour un autre entretien, pour un poste situé a 10 Kms de chez vous, qui ne prendra même pas la peine de vous envoyer un simple mail pour vous dire que votre candidature n’est pas retenue.

Heureusement que ce n’est plus le cas partout, mais certaines entreprises n’ont plus aucune retenue. On ne parle plus d’entreprises qui ne répondent pas a une candidature spontanée, mais bel et bien d’entreprises qui ne donnent aucune réponse a des gens qu’elles ont reçu en entretien, qu’elles ont fait déplacer a travers la France, parce que le recruteur trouvait qu’un entretien par Skype était beaucoup trop impersonnel. Le candidat doit être a leur disposition, venir les rencontrer quant ils le souhaitent, a ses frais, et s’il ne correspond pas, ou simplement parce qu’il prétend a un salaire qui ne leur convient pas…Ils n’ont ni la correction ni le courage de le lui annoncer.

Ma pire expérience est un entretien prévu le matin a 8h30 en banlieue parisienne. L’entretien se passe a 400 kilomètres de mon domicile pour un poste situé a 25 kilomètres de chez moi. Lever a une heure pas possible, je prend ma voiture jusqu’à la gare, je prends un train jusqu’à Lyon, d’où je prend un TGV jusqu’à Paris. La bas une galère pas possible avec les transports en commun, impossible de trouver un taxi, mais je vais quand même arriver a l’heure pour mon rendez-vous. Et la, a l’accueil, après m’être présenté, je me vois délivrer le message que la fille de la personne que je devais rencontrer est malade depuis la veille et qu’elle a préféré rester a son chevet. J’ai traversé la moitié de la France, pour rien. Personne n’a jugé utile de me prévenir que ce n’était pas la peine de venir.
Le pire est qu’elle m’a rappelé le lendemain, sans même s’excuser, pour me proposer un nouveau rendez-vous.

Et non, être chômeur, c’est une vie de galères, de déceptions, de stress. Vous ne savez jamais a l’avance si Pôle Emploi va vous payer vos maigres subsides ou si vous avez été radié pour une raison mystérieuse. Après chaque entretien foireux votre motivation baisse mais il faut continuer.

Et non, je ne regarde ni télé-réalité ni sport, puisque je n’ai pas de télé, pas plus que je me lève a 14 heures. Comme quelques millions de personnes en France, je suis un bledard de la recherche d’emploi.